Introduction.
La première fois que j'ai guéri de l'anorexie (j'ai eu deux
épisodes : un à 14 ans, et l'autre à 16 ans), c'est comme ça que ça s'est passé : ma tante et mon
oncle alarmés à la vue de ma maigreur suite à un séjour chez eux en
été (une fille de 5p7, 98 lbs en maillot de bain... quelque chose
cloche) ont appelé mes parents, mon grand-père nous a recommandé un
médecin, ma mère s'est fait dire que sa fille est anorexique...
Bref je n'ai eu d'autre choix que de recommencer à bien manger et je m'y suis fait très rapidement.
D'un autre côté, aujourd'hui, je suis incapable d'aller au
restaurant avec ma famille. Disons que je fais un effort pour Noël et
les grandes occasions.
Avec des amis, j'aime bien sortir, c'est correct.
Mais
quand ma grand-mère m'invite au resto japonais pour ma fête et tout ce
qu'elle trouve à dire c'est "Une soupe-repas, c'est léger" en
commentant le menu comme si c'est tout ce qui m'intéressait,
intérieurement c'est la frustration au plus au point... en résultat, je
ne mange presque rien, parce que je sais qu'elle surveille mon assiette
et qu'elle doit grincer des dents en voyant cela. Et son gâteau au
chocolat doit avoir un p'tit goût amer quand je pigrasse dans ma salade
de fruits.
Bref.
En gros, on peut dire qu'il y a des
avantages et des inconvénients à ce que la famille soit au courant,
mais une chose est sûre, on n'a pas le choix de le dire à nos parents
un jour ou l'autre.
Parfois, il m'arrive de craquer et
de faire un crise de larmes, de me confier auprès de mon père. L'autre
soir, notre conversation a ressemblé à cela :
"- Je n'ai pas la vie que je veux avoir...
- C'est parce que tu es dans un cercle vicieux et que tu te tortures..
- Je suis TOUT À FAIT consciente de mon problème, tu ne m'apprends rien !
[...]
- Tu devrais en parler à des gens qualifiés qui pourraient t'aider...
- Je l'ai déjà fait. J'suis allée, à l'Éclaircie... ça fait un an, et ça n'a toujours rien donné.
- [silence] "
Et DANG ! Tiens
papa, je suis pas si folle que ça hein, mais mon problème est pas
facile à régler, voilà tout. Tu peux comprendre maintenant quand le
soir tu arrives à la maison et que je ne sors même pas de ma chambre ?
Briser le silence, ça aide, beaucoup.
Ça n'arrange pas tout mais ça rend la lutte plus supportable.